Vernissage de l'exposition
"LA BATAILLE D'ORLY"
par Guillaume Cagniard

LA DATE
12 décembre 2024
de 18h à 22h

LE LIEU
Le 78
78 rue du temple
75003 Paris

Exposition ouverte tous les jours du 11 au 24 décembre 2024 de 12h à 19h.

Baptisée La Bataille d’Orly, cette deuxième exposition composée de peintures et de sculptures retrace l’intégralité de cette période pendant laquelle les deux artistes se sont menés une sorte de guerre fratricide. En débutant de cet affrontement épique livré à l’aéroport parisien, Guillaume Cagniard revient sur les temps forts de leur opposition, tout en fantasmant une revanche entre les deux protagonistes au milieu de cet “octogone”, simple forme géométrique, désormais partie intégrante de la pop culture française grâce à Booba et Kaaris.

“Combat livré entre deux armées ou deux flottes, dont l’issue influe sur la conduite d’une guerre”
Définition “bataille”, Larousse, éd 2024

À la façon de l’ensemble de ces conflits dont la postérité s’est saisie, que ce fussent celui qui opposa Romulus et Rémus dans la mythologie romaine, David et Goliath sur le tableau que Caravage peint au début du XVIIe siècle, la rixe qui déchira Kaaris et Booba, elle non plus, ne sombrera pas dans pas l’oubli. En s’inspirant des grands duels qui laissèrent une empreinte impérissable sur leur époque, Guillaume Cagniard a imaginé que cette bataille ayant eu lieu dans le hall n° 1 du terminal ouest de l’aéroport d’Orly ferait date. Cette date en question, le 1er août 2018, est à marquer d’une pierre blanche dans le parcours de l’artiste. Familier de l’œuvre du rappeur originaire des Hauts-de-Seine depuis ses jeunes années graffiti, en ce jour estival, Guillaume Cagniard connaît d’abord la satisfaction en apprenant qu’il réalisera son clip Petite Fille. Dans la foulée, il est saisi de doute quand, face à son poste de télévision, il comprend que les rappeurs et leurs fidèles vont être envoyés en prison.

Libéré et placé sous contrôle judiciaire dès la fin du mois d’août, Booba regagne son fief de Miami. Débute alors entre les deux rimeurs une joute verbale par réseaux sociaux interposés. Au fur et à mesure que la tension monte et que les insultes pleuvent, Guillaume Cagniard s’immisce en octobre 2018 dans le quotidien de Booba en Floride, au plus près de son intimité, pour lancer le tournage de cette vidéo dans laquelle le rappeur montre un tout autre visage. Sensible et attentionné, à bien des égards différent de l’image du leader d’une armée de pirates acquise à sa cause. Tellement façonné de dualités, qu’après la sortie du clip « Petite Fille » le 10 décembre 2018 déclenchant un flot d’amour sur Internet, il stoppe cet élan avec une déclaration de guerre. À l’approche de la nouvelle année, le rappeur défie officiellement et publiquement Kaaris. Pendant de longs mois, les deux hommes vont se chercher, s’imaginer face à face sur un “octogone sans règle ni arbitre”, mais, finalement, jamais s’affronter de nouveau.

Avec La Bataille d’Orly, Guillaume Cagniard a créé cette dimension où les deux rappeurs se sont effectivement retrouvés. Divisée en trois espaces-temps, l’exposition, pensée comme un film, revient d’abord sur ce duel fratricide qui mêla la foule malgré elle à cette lutte acharnée et non programmée, qui ne fera pas d’autres blessés que les principaux concernés. Le deuxième temps retrace cette opposition virtuelle, smartphones en main, ponctuée d’innombrables invectives tranchant souvent avec le quotidien de ces deux hommes, aimant leurs proches et leurs enfants. L’ultime partie fantasme ce match retour, cette guerre d’égo visant à désigner le vainqueur final dont l’Histoire se souviendrait. Sous couvert de ce sujet martial, Guillaume Cagniard incite à une réflexion sur la société de consommation, où même les biens de luxe, comme ici des bouteilles de parfum, peuvent servir d’armes. En exposant également cet affrontement sans faux-semblant, aux yeux de tous, l’artiste montre ces volontés de puissance et de pouvoir, deux notions servant souvent un unique et même but.

" J’ai pris le temps dont j’avais besoin dans l’histoire, les couleurs, les formes, la matière et je me demande toujours au fond, qu’est ce que ces gladiateurs modernes, avant tout artistes, disent de la violence comme pulsion archaïque ou force créatrice…"

- Guillaume Cagniard

GUILLAUME CAGNIARD

Originaire du 92, Guillaume Cagniard débarque dans le quartier de Bastille à l’aube de ses 16 ans, à une époque où le mouvement hip-hop jouit d’une puissance extraordinaire. Les disques de Lunatic et Booba, période Temps Mort à fond dans les oreilles, chaque soir, il retrouve sa bande de graffiteurs pour poser son pseudonyme sur les murs de la capitale. Cette première formation totalement autodidacte le convainc que l’art rythmera sa vie. Dès 2008, son destin se précise. En pleine ascension, son ami JR lui propose de travailler officiellement à ses côtés.

Pour lui, au fil des années et des projets, Guillaume Cagniard va tour à tour revêtir le costume du directeur artistique, du scénographe, et aussi celui du réalisateur. C’est habillé de cette dernière tenue que son art va être reconnu, et que certains de leurs films, à l’instar de Women are Heroes, Paris, The Wrinkles of the City, Istanbul ou Rivages vont glaner de prestigieuses récompenses.

Tel un symbole, il entame sa transition artistique dans le monde du clip via une première vidéo, celle du chanteur Patrice, Ain’t Got No (I Got Life). Remarquée, cette réalisation en appelle d’autres. Alt-J, Sébastien Tellier et Caroline Polachek, Grand Blanc, Matthieu Chedid et Oxmo Puccino, Massive Attack, Clément Froissart... nombreux sont les artistes à vouloir collaborer avec lui. Mais, parmi eux, un en particulier va se manifester. En 2018, lorsque Booba lui annonce que c’est à lui qu’il confie le clip de son morceau Petite fille, Guillaume Cagniard accepte volontiers le défi.

Pourtant, avant de s’envoler à Miami et de lancer ce tournage en immersion dans l’intimité du rappeur, la réalité va le rattraper. Booba croise finalement Kaaris et ce qui devait arriver, arriva. Cette bagarre entre les deux têtes d’affiche va inspirer Guillaume Cagniard et devenir le cœur de son nouveau projet. Le clip sort et donne à voir Booba comme jamais dans une relation père-fille en grand contraste avec sa toute récente sortie de détention provisoire.

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